Les sillons Rhénan et Mosellan sont traversés par des autoroutes (A5 en Allemagne, A35 en Alsace et A31 en Lorraine) qui supportent un trafic de poids lourds très important provoquant pollution de l’air, saturation et dégradation des routes.
Ces sillons correspondent aux itinéraires européens majeurs de marchandises en provenance des grands ports de la Mer du Nord, Anvers, Rotterdam, Hambourg pour ne citer qu’eux.
Dès la fin des années 1990, la Suisse a engagé un vaste programme (rail 2000) visant à organiser ces flux traversant son territoire, de préférence sur le rail. Ceci a été rendu possible par la levée d’une taxe poids lourds. L’objectif est de dégager des fonds pour financer les infrastructures de transport (ferroutage, tunnels, terminaux etc. ) et ainsi permettre aux Alpes suisses de respirer et de lever les points de congestion routière.
Depuis 2005, en Allemagne, et en lien avec la Suisse, un dispositif similaire a été réalisé, avec la LKW Maut, un péage pour les camions basé sur la distance, les émissions et le nombre d’essieux et le doublement de l’axe ferroviaire Rheintalbahn, alliant à la fois le trafic de marchandises et l’amélioration de l’offre voyageurs.
Une majorité d’autres pays européens ont adopté un prélèvement d’écotaxes sur les poids lourds (en plus des deux pays déjà cités : la Grande Bretagne, l’Autriche, la Belgique, la Suède, etc. ).
En France, et tout spécialement en Alsace, nous sommes à la traîne et nous subissons les effets d’un trafic poids lourds qui apporte de nombreuses nuisances.
Dans notre région ce trafic ne peut que s’accentuer notamment avec l’ouverture prochaine du GCO et la possible implantation des entrepôts d’Amazon qu’Europe Écologie – Les Verts Alsace dénonce.
La ligne de ferroutage entre Bettembourg (Luxembourg) et Figueras (Espagne) est certes une avancée, mais reste insuffisante, notamment faute des moyens financiers, qu’une écotaxe sur les poids lourds pourrait abonder.
La crise sanitaire liée à la Covid 19 a révélé que l’Europe était particulièrement dépendante des productions asiatiques, dont l’essentiel est acheminé en Europe par voie maritime jusqu’aux ports nord-européens.
Un levier majeur pour accélérer ce report modal est donc de remettre en selle au plus vite cette taxe poids-lourds. Ce n’est pas parce que sa mise en place fut un échec retentissant en 2013 qu’elle doit être abandonnée, bien au contraire.
En Allemagne cette taxe rapporte chaque année plus de 4 milliards d’euros.
La taxation envisagée pourrait rapporter au minimum 30 millions d’euros par an en Alsace.
Cette taxe aura plusieurs vertus :
– en renchérissant le coût du transport, elle obligera à optimiser le chargement des camions et à diminuer les rotations,
– elle permettra une meilleure répartition du trafic dans la plaine du Rhin (entre la France et l’Allemagne),
– elle servira à financer la maintenance des infrastructures routières que ces camions dégradent, à développer le ferroutage et à financer les projets de réactivation de lignes ferroviaires pour voyageurs,
– de façon indirecte, elle incitera à la relocalisation des productions,
La Région Grand Est, la nouvelle Collectivité Européenne d’Alsace et l’Eurométropole de Strasbourg devront rapidement la mettre en œuvre.
Beaucoup d’élus locaux de toutes tendances y sont favorables, ainsi qu’une majorité de sénateurs. C’est d’ailleurs l’une des priorités du sénateur Jacques FERNIQUE.
C’est également une mesure prônée par la convention citoyenne, et en principe acceptée par le gouvernement. Mais en la matière, celui-ci préfère se payer de mots et enterrer les solutions de bon sens.
C’est pourtant un enjeu majeur des prochaines élections régionales. Les écologistes du Grand Est s’engagent, à ce titre, à pousser cette mesure et à l’appliquer. »
Les co-porte-paroles d’EELV Alsace,
Aurélie KOSMAN et Loïc MINERY