Article paru dans Reporterre du 30 mars 2022

En voie d’extinction voire déjà presque fossilisées, les énergies fossiles ? Pas aux yeux des banques en tout cas. Les soixante plus grandes banques internationales ont accordé 4 582 milliards de dollars (4 120 milliards d’euros) au pétrole et au gaz entre 2016 et 2021, selon un rapport de 500 ONG publié mercredi 30 mars 2022. Parmi elles, les banques françaises sont le premier financeur européen de ce secteur avec 352 milliards de dollars (317 milliards d’euros) délivrés sur cette période. 87 % de ces capitaux proviennent de seulement trois banques : BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole.
La Banque postale et le Crédit mutuel : des « leaders montrant l’exemple »
« Les banques françaises font de nouveau de Paris la capitale de l’hypocrisie climatique, a commenté Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne finance zéro fossile chez Reclaim Finance. La guerre en Ukraine démontre l’urgence à sortir des énergies fossiles mais les banques françaises semblent bien placées pour nous enliser encore plus dans cette dangereuse addiction. » Les soutiens bancaires ont certes baissé en 2021, mais rien n’indique que cette tendance va se confirmer, juge-t-il. « En effet, dès le mois de janvier 2022, les banques françaises ont été impliquées dans plusieurs opérations financières de grande envergure au profit de BP, Total et Saudi Aramco, chefs de file de l’expansion pétrogazière. »
Le rapport distingue cependant la Banque postale et le Crédit mutuel, qualifiées de « leaders montrant l’exemple » dans l’exclusion des énergies fossiles. La Banque postale a mis « la barre haute », en publiant en 2021 un engagement à mettre fin au financement de toutes entreprises qui exploitent le pétrole et le gaz et de quitter secteur d’ici 2030.